Bigarré. Voilà le premier terme qui me vient à l'écoute de "Dance Of Death" et à la vue de sa pochette carnavalesque graphiquement dégueulasse. Dire qu'à l'époque de sa sortie, la Vierge de Fer et sa maison de disques EMI s'étaient fendus d'une publicité télévisée sur les chaînes hertziennes françaises et que c'est cette horreur qui a sauté aux yeux de nos compatriotes entre deux épisodes de "Sous le soleil" et la météo de Catherine Laborde (ou de Laurent Romejko si votre came c'est plutôt le service public)... "IRON MAIDEN. Nouvel album. Le Rock. Le vrai", martelait ce spot d'une poignée de secondes qui en disent cependant tellement long sur l'aspect si sale que revêt le Metal pour le commun des Français qu'il faut le camoufler sous le terme plus propre de "Rock". Un vrai suppositoire, cette pub.

Pourtant, des culs, IRON MAIDEN en botte plus qu'il n'en introduit sur son treizième longue-durée. Il faut dire que certains morceaux éclipsent carrément les autres, tant ils sont percutants et réussis. Et, non, il ne s'agit pas des courts et concis "Wildest Dreams" et "Rainmaker", les deux Singles issus de l'album, qui n'ont pas vraiment de relief - à part le riff d'ouverture du second nommé - et se font vertement écrabouiller par la qualité des six morceaux qui leur succèdent dans la tracklist. Le chroniqueur adore parler de ventre mou lorsqu'il déplore les creux souvent situés au milieu des disques qu'il décortique, mais "Dance Of Death", au contraire, affiche de beaux abdos saillants et bien dessinés. Six morceaux réussis pour un six-pack de compèt'.

Six compositions effectivement bigarrées, aussi diverses dans leur forme que dans leurs couleurs. Je classe "New Frontier" parmi ces six réussites, car s'il y a un titre simple et direct qui méritait de finir en Single à la place de l'un des deux véritables Singles, c'est celui-ci. Bien que sans surprise, il saisit l'auditeur par le col avec son riff franc et son refrain immédiat, même s'il reste légèrement en retrait par rapport aux cinq autres pièces de choix à extraire de la bidoche de cet album. Il faut dire qu'à peine plus longs, le survolté "Montségur", à l'atmosphère de fête médiévale rendant un fier hommage aux Cathares, et l'hymnique "Gates Of Tomorrow" entrent dans la caboche pour ne plus en sortir. Plus long, "No More Lies", son riff qui tue et ses soli enflammés font facilement oublier le côté répétitif mais pas si gonflant que ça du refrain.

Côté longs titres, ce dernier est tout de même dépassé en élégance et en créativité par le très bon morceau-titre, dont l'intensité croît jusqu'à d'imparables dernières minutes, et par le magnifique "Paschendale", qui permet à IRON MAIDEN de retrouver cette thématique de la guerre qui lui a inspiré certains de ses plus grands classiques. C'est encore une fois le cas ici. Dommage que cet élan aussi superbe qu'inattendu au long de six super compos soit interrompu par les bien trop fades "Face In The Sand" et "Age Of Innocence… "Journeyman" vient légèrement relever le niveau en bout de piste mais le mal est fait. Avec sept titres au lieu de onze, la Vierge de Fer aurait pu donner naissance à un quasi classique. Elle n'accouche finalement que d'un bon album, auquel on peut toutefois revenir souvent et avec grand plaisir.