Voilà quelques années maintenant que l'on assiste à l'émergence de groupes qui s'amusent à brouiller les pistes et à mélanger différents styles de heavy metal. Des brèches sont ouvertes, des passerelles se forgent ainsi entre les différentes chapelles et il devient parfois difficile de pouvoir apposer les étiquettes habituelles. C'est vrai que nous autres chroniqueurs, aimons classer les choses afin de pouvoir comparer les disques les uns par rapport aux autres. L'apparition de nouvelles expérimentations est un inconvénient de taille pour s'y retrouver. L'avantage par contre de tout celà, c'est que ce brassage des styles permet d'envisager plusieurs autres combinaisons musicales, et de ce fait d'insufler un peu de nouveauté et d'énergie sur un marché qui sature de bon nombre de groupes "clones".
Ainsi sont apparus ces 10 dernières années des combos qui ont su trouver leurs personnalités, comme ICED EARTH, NIGHTWISH, THE KOVENANT ou CHILDREN OF BODOM. Après tout, en plus de 30 ans de Hard Rock et de Heavy Metal, n'est-ce pas le fait de briser les conventions, de modifier les règles établies et d'expérimenter de nouveaux métissages qui a permis à notre grande famille musicale d'évoluer et de progresser ?

C'est dans ce contexte et après cette longue introduction que j'en arrive au groupe MERCENARY. Face à ses voisins scandinaves, il fallait bien qu'une réponse danoise se fasse enfin connaître. MERCENARY a forgé avec ce nouveau disque (car ils n'en sont pas à leur premier coup) un lien entre un power metal sombre qui peut rappeler par moment NEVERMORE et un death metal mélodique qui était son style aux origines. Les reliquats death "nordiques" sont encore présents au travers des vocaux rugueux mais variés (tantôt black, tantôt death) de Kral, le bassiste et leader du groupe, dans les rythmiques qui partent parfois à 100 à l'heure ("World Hate Center") et aussi grâce à un sens du riff mélodique et des solos soignés. Certains passages évoquent même l'obscurantisme d'un DARK TRANQUILLITY ou la teigne d'un SOILWORK ("World Hate Center"). Cependant, la voix principale (le chanteur Mikkel) est typée heavy/power metal. Celle-ci, particulièrement mise en valeur sur des titres plus modérés au son énooooorme comme "11 Dreams", "reDestructDead" ou "Sharpen the Edges" (les choeurs du refrain sont superbes !) a des intonations proches de Warell Dane (NEVERMORE) ou Henning Basse (METALIUM) lorsqu'elle s'évertue à aller dans les aigus habituels (couplets de "Firesoul"). Sinon, on notera les arrangements somptueux au niveau des parties de claviers (discrètes mais réelles) et des chants qui parfois se superposent ("Firesoul"). Je vous conseille le morceau "Supremacy v2.0" (le plus long de l'album) qui a lui tout seul est un condensé de ce que MERCENARY sait faire, avec en plus à un moment une intervention progressive absolument sublime. La ballade "Times Without Changes" par contre, bien que jolie n'est pas franchement indispensable.

11 Dreams est fait de compositions variées, superbement produites et concoctées avec passion et conviction. C'est le résultat réussi d’un travail acharné en studio. Reste maintenant et après s'être délecté de ce grand disque à apprécier MERCENARY en live et voir si c'est aussi prometteur sur scène. Nous devrions pouvoir vérifier celà prochainement, puisqu'une tournée avec BRAINSTORM et AT VANCE est programmée avec un passage par la Loco au printemps 2005.