Ce qu'il y a d'appréciable avec la carrière d'IRON MAIDEN, c'est qu'elle offre tout un tas de parallèles qu'on peut prendre plaisir à tracer pour illustrer la façon dont elle évolue. Un authentique plaisir de chroniqueur. Prenez "Virtual XI", tiens. Son retour à des éléments plus traditionnels voire basiques pour un album de la Vierge de Fer après un album hautement aventureux et ambitieux peut être à rapprocher du retour à des éléments plus traditionnels voire basiques sur "No Prayer For The Dying" après un "Seventh Son Of A Seventh Son" aventureux et ambitieux. La principale différence réside toutefois dans le fait que le septième longue-durée des Britanniques était un monument de l'Histoire du Heavy Metal alors que "The X Factor", prédécesseur de "Virtual XI", n'était qu'un bon album qui voyait un peu trop grand pour un combo qui n'avait plus tout à fait les moyens de ses ambitions. Il faut dire que l'absence d'un Adrian Smith et d'un Bruce Dickinson, ça se paye au bout d'un moment…

Le poids de ces deux gaillards dans le son, la composition et l'identité du groupe pendant une décennie ne se remplacent pas comme par magie. Alors, "Virtual XI", pire album d'IRON MAIDEN ? Allons bon. Il m'apparaît toujours meilleur que "No Prayer For The Dying". Déjà parce qu'il donne à entendre et à apprécier - oui, j'apprécie - Blaze Bayley dans un registre globalement plus direct que celui qui nous était servi sur "The X Factor", où il était certes très à l'aise. À ce titre, "Futureal" est pour moi l'un des purs galops Heavy Metal les mieux troussés de la carrière post-80s du groupe et la hargne que met Blaze dans son chant est enthousiasmante. L'électrique et puissante "Lightning Strikes Twice" n'est pas en reste, avec son riff qui dépote et ses soli de guitare vainqueurs. "Virtual XI" est aussi meilleur que "No Prayer…" parce qu'il ne donne pas le sentiment d'entendre une formation à bout de souffle comme huit ans plus tôt.

Au contraire, l'on sent que le groupe - enfin, Steve Harris surtout - retrouve le goût des choses simples et directes. Le leader et bassiste est effectivement plus omniprésent que jamais dans la composition des morceaux, exception faite de l'honnête power-ballade "Como Estais Amigos" torchée par Bayley et Janick Gers. Et il tente encore des choses, notre Hammer ! Bon, d'accord : Harris tente mais il foire globalement ses rares tentatives de faire du neuf, comme le prouve le plantage en règle qu'est "The Angel And The Gambler" avec son orgue synthétique sautillant ultra kitsch - du pseudo DEEP PURP' raté - et ses presque dix minutes interminables, sur lesquelles le refrain répété ad nauseam par Bayley a de quoi faire vomir. Steve 'Tout Seul' Harris est à peine mieux inspiré sur "Don't Look To The Eyes Of A Stranger", qui souffre en partie des mêmes tares : effets sonores moisis - ces cordes frottées affreuses - et répétitivité exacerbée.

Une répétitivité qui parvient néanmoins à nous ancrer dans le ciboulot les refrains de ces deux titres à rallonge ! Voilà le résultat de vos tortures, Mr. Harris. Heureusement pour lui que "The Educated Fool", plus subtil et mieux chanté, et surtout le magistral "The Clansman", l'un des chefs d'œuvre épiques à tiroirs dont le capitaine a le secret, sont là pour relever le niveau de ses compos perso. Parce que c'est souvent lorsqu'il se fait aider qu'il s'en tire le mieux sur ce disque. Après "Futureal" et "Lightning Strikes Twice", "When Two Worlds Collide" apporte ce qu'il faut de saine accroche, avec expressivité, efficacité et plus de sobriété. Plus de vingt ans après la sortie de cet album mal reçu par la critique mais attachant dans le fond, l'on peut aussi se féliciter de l'un des rares grands artworks de Melvyn Grant pour IRON MAIDEN quand on voit les horreurs qu'il pondues ensuite. Au moins, la pochette de "Virtual XI", elle, défonce tout. Et deux branches d'étoile de plus rien que pour elle, qui portent le total à trois ! Sur cinq.