Au moment où Luca Turilli nous dévoile un nouveau RHAPSODY, je me replonge avec délice et pour tout dire une petite dose de nostalgie dans le passé de ce combo qui a amené l’Italie sur le devant de la scène Speed/Sympho.

De la première saga de l’émeraude, "Dawn Of Victory" est indéniablement mon préféré ! Sa pochette rouge guerrière, marquant une évolution dans le style si particulier des Italiens est à l’avenant du contenu, plus agressif que le référentiel "Symphony Of Enchanted Lands". Là où je peux comprendre l’engouement pour les intouchables "Emerald Sword" et autres "Wisdom Of the Kings", j’ai une nette préférence pour l’énergie Metal déployée ici.

Coïncidant avec l’arrivée d’un nouveau batteur (Alex Holzwarth), "Dawn Of Victory" voit s’affirmer la volonté du tandem Turilli/Staropoli de proposer un disque plus orienté guitares que ne l’était son prédécesseur qui croulait sous les orchestrations. Après l’introduction "Lux Triumphans", rappelant plus Carl ORFF qu’Antonio VIVALDI, le ton est donné : "Dawn Of Victory" sera plus sombre que son prédécesseur, démarche qui sera encore accentuée sur son successeur. Le riff introductif du morceau-titre annonce la couleur, et "Triumph For My Magic Steel", "Holy Thunderforce" et la pièce-fleuve "The Mighty Ride Of The Firelord" viennent accentuer le propos. La batterie est toujours en mode double grosse caisse pilonnante et la basse d’Alessandro Lotta toujours étonnante de virtuosité. Luca Turilli a son compte de soli endiablés et pratique avec bonheur le duel guitare/clavier avec son acolyte Alex Staropoli, allégeant considérablement la sauce, un peu riche en calories sur "Symphony Of Enchanted Lands". Du coup le rendu général est plus organique, les guitares mangeant sur l’espace des orchestrations synthétiques.

Composé quasi-exclusivement d’hymnes, "Dawn Of Victory" est aussi le RHAPSODY dont l’écoute est la plus fluide. La cohérence de l’ensemble est la plus aboutie de la saga (avec "Power Of The Dragonflame"). Mais même si son successeur sera encore mieux produit, l’enchaînement très intelligent des titres permet d’alterner hymnes speed, envolées classiques et mid-tempi audacieux ("Village Of Dwarves" reste un tour de force sans équivalence dans la discographie des Italiens). Ceux qui craignent RHAPSODY pour son côté kitsch peuvent très certainement apprécier ce troisième opus des Italiens car c’est celui qui l’est le moins.