Je trouve que mon camarade Fenryl a eu la dent dure avec ce MACHINE HEAD. "Unatøned" n’est pas si mauvais, loin de là ! Eux qui avaient pour habitude de coller une bouse sur deux me font ici mentir. Alors c’est certain que Robb ne s’est pas trop foulé pour ce onzième LP… Il reprend plus ou moins le même artwork, le même son, les mêmes constructions de titres, à une exception près : leur durée, bien plus courte que ce à quoi les bougs nous avait habitués. "Unatøned" a ainsi tout du plat de restes du lendemain, les petites coquillettes cuites au bouillon de pot-au-feu de la veille. La fainéantise de la démarche en choquera un certain nombre, dont sans doute Remissa qui loue la valeur travail au plus haut point, je peux le comprendre, mais vu que de toute façon le Général Flynn attire les shitstorms, ça ne changera pas grand chose.

Des morceaux plus concis donc. Finies les grandes envolées à rallonge qui ont bâti la réputation du combo sur sa seconde vie, MACHINE HEAD nous offre ici un concentré de ce qu’il sait faire en 2025 : des riffs saignants, comme toujours (rien que pour cela, la galette vaut d’être réhabilitée), des grattes incisives - harmoniques évidemment incluses - des couplets bien agressifs tant au chant que instrumentalement, et des refrains un brin - euphémisme - mélodiques (qui a dit, doucereux ?), parfois limites dans le bon goût mais rarement totalement à côté de la plaque. Bien produit, les arrangements sont minimalistes mais intéressants si ce n’est l’instant "National Geographic / 20.000 lieux sous les mers" de "Dustmaker", risible et parfaitement inutile, ainsi que quelques "oh-oh-oh-oh" qui devraient être interdits de nos jours.
Pif, paf, pouf, emballé c’est pesé, pas besoin de se casser trop les roubignoles : je ferai donc pareil que Robb pour ma Kro-X.

"Unatøned" restera bien entendu hautement anecdotique dans la carrière de ce monument qu’est MACHINE HEAD. On l’oubliera facilement en comparaison de la belle discographie du gang d’Oakland, et il souffre évidemment du rapprochement avec son aîné, plus abouti, moins attendu (surtout après "Catharsis"...). La galette reste malgré tout bien supérieure à beaucoup de sorties récentes d’autres groupes (je ne citerai personne, et même pas ARCH ENEMY) et saura procurer un plaisir instantané aux irréductibles aficionados de la formation.