Jusqu'ici, METALLICA avait toujours été en avance. Dans le Speed, le Thrash, le Heavy gras à la ricaine ou l'espèce de mixture Hard/Heavy Alternatif Stoner des "Load/Reload". Avec "St. Anger", il est devenu suiveur. Tout cela à cause de la tendance Neo des cinq précédentes années, qui lui ont visiblement donné un peu trop l’impression d’être laissé sur le bord de la route de la hype. Or METALLICA ne sait pas composer comme ça, comme tous ces groupes aux guitares downtuned qui pullulaient à l’aube des 2000’s. Déjà que le groupe a eu tendance à devenir mono-riff dans ses morceaux au fil des années, là, sans solo, plus rien pour aérer, pour briller, c’est sec de chez sec. Et surtout c’est très long. Horriblement long. Et épuisant. Car les Four Horsemen ne savent plus s'arrêter à temps, et radotent comme des papys.

La caisse claire heurte encore les oreilles quand on s’y remet des années après les premières écoutes, avec ce son de pack de lessive. Les guitares se taillent toujours la part du lion et du son de Bob Rock, qui a repris la basse mais néglige quand même son instrument. Tout a été saisi "live in studio". C’est une jam session cet album. Un rehearsal. Mais ça ne veut pas dire que ce soit mauvais. En essayant de faire un album moderne, d’ailleurs, METALLICA a fait un disque où toutes ses influences musicales se confondent, ou plutôt se bousculent, et pas gentiment. Une entrée en matière plutôt Thrashy ("Frantic"), du Punk, du Heavy ("Invisible Kid"), du Hard bien westy et ricain ("The Unnamed Feeling"), du quasi Stoner (non, pas Casey Stoner) avec "Some Kind Of Monster", du riff approximativement Indus, ou presque Groove Metal… Qui n’en veut ?

Bon, on s'éclate assez rarement à l'écoute de "St. Anger", mais on ne s’ennuie pas pour autant. Les intentions du groupe partent tellement dans tous les sens qu’il en devient presque fascinant d’essayer de les suivre. C'est un album de bricolo, avec des vis mal enfoncées, des tasseaux pas droits, de la colle à bois un peu trop visible dans les coins, des échardes encore saillantes car le ponçage laisse fortement à désirer… On ne se met pas "St. Anger" dans les oreilles pour se délecter d’une œuvre propre et impeccable. On se le met pour se challenger, parce que l'écouter est une épreuve mais qui n’est pas vaine. Et puis il y a quand même de très bons titres, comme "Shoot Me Again", bien percutant, "Sweet Amber", excellent, "Invisible Kid" encore, "All Within My Hands". Il faut faire l’effort d’arriver jusque-là. Mais une fois qu’on y est, on lui laisse sa chance, à ce mal-aimé. D’autant que les refrains et les riffs qui restent en tête une fois l'écoute passée trouvent toujours moyen de s’y faufiler à nouveau de temps en temps.