Bruce Dickinson est parti et avec son départ, ce sont les fans de IRON MAIDEN qui sont en deuil. Contrairement à JUDAS PRIEST qui était dans le même de figure avec Rob Halford qui s’est fait la malle, Steve Harris va rapidement organiser le remplacement de son chanteur emblématique (pour les trois quatre vieux briscards qui descendent des bières au fond : non, ce n’est pas Paul Di’Anno, même si les deux albums auxquels ils participent son hautement recommandables) et les postulants se sont pressés au portillon.

Si certains voyaient déjà Michael Kiske, en délicatesse avec HELLOWEEN, prendre la place, c’est le quasi-inconnu Blaze Bayley, chanteur au sein de WOLFSBANE (un combo où l’on dit beaucoup de gros mots, un truc pas très MAIDENien quoi) qui rafle la mise. Et forcément, passer après Bruce, ça ne va pas être facile puisque contrairement au PRIEST qui choisira une copie carbone de Halford en la personne de Owens, Harris a décidé de choisir un chanteur avec une tessiture bien différente de celle de son prédécesseur.

Une fois encore, la pochette n’est pas signée Derek Riggs et cette fois-ci, son rendu est bien cradingue, avec ce Eddie qui se fait gentiment torturer. Pour son dixième album studio, IRON MAIDEN change un peu de look, mais pas de style. Les musiciens vont jouer plus bas pour coller à la voix de Blaze Bayley. Et le gamin, il fait bien le travail. Forcément, il ne chante pas comme Bruce et en live ça va chier – sauf sur les morceaux écrits à la base pour Di’Anno. "Wrathchild" par Bayley, ça bute – mais sur "The X-Factor", il est parfaitement à sa place, c’est un album écrit pour lui et ça s’entend.

L’ambiance est plus sombre qu’à l’accoutumée. C’est peut-être même le disque le plus noir de IRON MAIDEN et pour une fois, le groupe va complètement bouleverser ses habitudes en ouvrant directement avec le titre épique de l’album. "Sign Of The Cross" est un monument, un excellent titre pour le combo qui met tout de suite le disque sur de bons rails. On taira la thématique de la croix qui ressemble à un X quand elle se renverse, etc, etc. "Lords Of The Flies" nous plonge dans l’horreur de Sa Majesté des Mouches de William Golding, avec une approche joliment Heavy, "Man On The Edge" est une speederie façon "Be Quick Or Be Dead". L’album se déroule vraiment bien.

Ensuite, IRON MAIDEN va entrer dans un schéma qui va être appelé à se répéter sur les albums à venir, c’est-à-dire qu’il va entrer dans des plans assez calibrés, trop, avec ces compositions qui commencent de façon calme pour s’énerver d’un coup, avec des refrains qui vont s’avérer petit à petit linéaires. Ici, on évite ce dernier écueil, ce qui sauve certainement l’opus. Le groupe va aligner une série de titres qui restent mésestimés. Pourtant, sur scène, "The Aftermath", "Fortunes Of War" ou encore "Blood On The World’s Hands" fonctionnaient bien. Sur disque, c’est la même chose.

Le problème de "The X-Factor" réside en une fin d’album où le groupe va répéter les mêmes recettes, inlassablement, sans savoir s’arrêter, à l’image de "The Unbeliever", interminable. Mais quand on fait le bilan de ce disque, la balance penche quand même de façon assez nette vers le positif. Alors oui, "The X Factor" n’est pas un disque avec Bruce, mais Bayley n’a pas à rougir de la comparaison ici, il s’avère à la hauteur de ce qu’on lui demande. Pour le prochain, ce ne sera plus la même chose…

Note réelle : 3,5/5 monté à 4.