Adrian Smith est donc parti, alors que les sessions d’écriture du nouvel album avaient débuté. Peu satisfait de la voix que voulait privilégier Steve Harris, à savoir un retour à un Heavy Metal plus direct, le guitariste a préféré claquer la porte. Ce sera Janick « la danseuse » Gers, qui aura joué sur l’album solo de Bruce Dickinson "Tattooed Millionaire" ainsi que pour Ian Gillan et Fish. Pas forcément un nom très reconnu sur la scène Metal à ce moment là.

La pochette va trancher avec les précédentes. Elle est beaucoup plus primale, plus horrifique avec Eddie qui attrape un pilleur de tombe par le cou. Cependant, elle s’avère moins réussie que ce que son potentiel laissait espérer, l’effet 3D recherché étant raté. Eddie a de nouveau des cheveux, il n’est plus lobotomisé. Doit-on y voir un indice quant à un éventuel retour aux sources ? Certainement.

Il y a de ça. L’approche de MAIDEN est plus directe, plus Heavy que ce que le groupe propose depuis "Somewhere In Time". Mais "No Prayer For The Dying" n’est pas le retour aux sources annoncé. Parce que si "Killers" ou "The Number Of The Beast", souvent cités en point de comparaison, développaient une ambiance, ce n’est pas le cas ici. D’ailleurs, les musiciens peinent à trouver de l’agressivité, du mordant et pour la première fois, IRON MAIDEN va se montrer pataud.

"No Prayer For The Dying" n’est pas exactement un mauvais album, mais son souci réside principalement dans le fait qu’il ne contient que des brides d’idées, rien de développé de façon définitive, le meilleur exemple résidant dans le morceau-titre, qui ressemble plus à une ébauche de ce que sera "Afraid To Shoot Strangers" qu’à autre chose, peu passionnant dans sa forme présente. "Tailgunner" ne bénéficie pas d’un refrain répondant aux attentes, trop simpliste, tandis que celui de "The Assassin", qui aurait pu être une réponse à "Killers", casse la dynamique de ce titre.

On s’attardera éventuellement sur "Holy Smoke" qui peut séduire avec son côté Rock, ou "Bring Your Daughter… To The Slaughter" qui à la base aurait dû être du Dickinson en solo, dans une forme différente. Deux singles logiques face au reste, qui stagne entre le moyen ("Public Enema Number One", "Run Silent Run Deep") et l’anecdotique ("Hooks In You", qui était alors l’ultime morceau signé Smith, "Fates Warning"). Quant à "Mother Russia", malgré de jolies qualités, elle peine à rivaliser avec les morceaux épiques des opus précédents.

Et surtout, la voix de Bruce change. Il a perdu de sa pureté, il se fait plus éraillé, à force de faire le con sur scène, le con ! Bruce je t’aime, mais bon… Forcément, il tâtonne, il cherche à l’utiliser d’une façon qui lui convienne, il apprend à la maîtriser et cela sera plus probant sur "Fear Of The Dark". Reste "No Prayer For The Dying", premier faux-pas d’une formation mythique, mais qui n’a pas encore dit son dernier mot.