Dire que l’on tient l’un des titres les moins appréciés de METALLICA avec "The Thing That Should Not Be", monument de lourdeur composé rapidement en studio afin de gratifier l’album d’un titre supplémentaire, résume bien la qualité exceptionnelle de "Master Of Puppets" (et l’impressionnante capacité créative de ses membres).

Un album à l’équilibre parfait, calqué avec une dose d’expérience légèrement supérieure sur son prédécesseur déjà immense, qui donne l’impression que le groupe ne connaît aucune limite.
Comment décrire le génie de ce monumental morceau-titre ? Ce solo de James représente à lui seul toute l’essence du Metal tel que les Américains sont en train d’en jeter les nouvelles bases : puissant mais subtil, violent mais raffiné.
L’alliance ultime de la rage adolescente et de la maîtrise incroyablement mûre qu’ont ces boutonneux de la composition musicale de chaque morceau (comment faire plus abouti que la structure de "Battery" en la matière ?) est déconcertante de qualité.
Sur ce point, on peut indéniablement saluer l’apport primordial de Cliff Burton, son travail et son influence classique sont proprement magistraux. "Orion" illustrant avec le plus de classe la magie qui se dégageait de sa quatre cordes et la profondeur mélodique que pouvait apporter METALLICA à un style généralement beaucoup plus naïf et primaire.
Même quand le groupe repompe une intro sur les MISFITS, il accouche d’un titre grandiose, quel comble !

James peut déjà se targuer d’être le plus grand guitariste rythmique de tous les temps avec ses riffs ravageurs millimétrés et son poignet infaillible.Ses textes se révèlent également de plus en plus aboutis et engagés ("Master Of Puppets", "Leper Messiah").

Kirk Hammet est en pleine bourre, son travail de mélodie est à son paroxysme même s’il lui reste encore de belles choses à montrer sur les deux albums suivant.
Enfin, Lars Ulrich compense un manque de technique assumé par des trouvailles proprement géniales. S’il atteindra en la matière son meilleur niveau sur "…And Justice For All", il pose ici des plans devenus cultes ("Master Of Puppets", "Orion") et confirme la force du groupe à ce moment : quatre musiciens touchés par la grâce et animés par une volonté indéboulonnable de tout détruire sur leur passage.
Comme le disait Kirk Hammet lui-même à l’époque, avec cet album on sent que METALLICA tient quelque chose…

Si rester enfermés durant des semaines dans un petit studio suédois a failli les rendre complètement dingues, cela aura surtout permis au groupe de se concentrer sur lui-même afin d’accoucher du plus grand brûlot thrash de l’histoire du genre. C’était déjà évident à l’époque mais ça l’est tellement plus aujourd’hui que plus personne ou presque ne vient râler lorsqu’on le retrouve en tête de tous les classements possibles dans la presse ou ailleurs.