"The Age Of Nero" est tellement bon qu’il en devient indécent. Chaque note, chaque frappe, chaque arrangement est exactement là où il est censé être. Malgré les centaines d’écoutes, je ne changerais rien. N’allez surtout pas croire que je sous-entends une quelconque lassitude liée à une trop forte prévisibilité de cette cuvée 2008. Il représente juste une forme d’accomplissement, ce qui, à la mesure du groupe qu’est SATYRICON, n’est pas le moindre des compliments.

Les riffs perfides et méandreux, une fois de plus exceptionnels, sont désormais la marque de fabrique du duo Satyr/Frost. Et l’opus en est littéralement gavé (petite préférence personnelle pour ceux de "The Sign Of The Trident"). Le son des grattes est légèrement plus chaud que sur les précédentes fournées, la production ayant sciemment choisi de laisser les créneaux mediums pour la voix râpeuse du frontman, quelques chœurs classiques tout au fond du mix, pendant que le batteur officie lui aussi dans les graves.

Je vous ai déjà relaté tout le bien que je pense de Frost, il ne fait ici point entorse à sa réputation, variant les plaisirs et les patterns avec une facilité déconcertantes. Mais c’est surtout l’écriture, la composition des morceaux qui est à saluer. Majoritairement mid-tempo, le risque était grand de lasser à mi-parcours. Il n’en est fort heureusement rien. Compacté en huit pistes et 42 minutes, "Den Siste" vient clôturer en beauté des chansons malsaines remarquablement pensées, contenant juste ce qu’il faut de déclinaisons, de hooks, de misanthropie viscérale.

Qu’il est dur de choisir dans une discographie aussi riche. Par goût personnel, je suis plus sensible à ce Black lent et poisseux, lorgnant du coin de l’œil sur le Rock, qu’à des débuts plus épiques et raw. La seconde partie de carrière des Norvégiens m’intéresse donc plus, et "The Age Of Nero" en représente potentiellement le sommet.