Même avec la plus infecte des volontés, dénicher un album faible dans la discographie des norvégiens est voué à l’échec. Avec « The Age Of Nero », le groupe de Satyr grave (jeu de mot ahahah) une nouvelle épitaphe sur sa pierre tombale qu’il a, en bon blackeux qui se respecte, déjà commandée chez le marbrier.

Cette septième offrande reprend l’alliage désormais bien connu. Elaboré sur « Rebel Extravaganza », scorifié sur « Volcano », il n’est plus un album des norvégiens qui ne le remploie. Mais à chaque fois, avec un façonnage légèrement différent. Sur « The Age Of Nero » règne un froid intense. SATYRICON se fait glacial et clinique. Les titres sont façonnés à la pince chirurgicale, à même la chair fumeuse. Et en guise de studio, une chambre froide, alignement de cadavres anonymes dans leur raideur analogue, attendant la pelletée d’humus qui les rendra à la terre.

Plus qu’un avant-goût habilement sélectionné, l’EP « My Skin Is Cold » prend le rôle d’émissaire, en cela que les rouages qu’huile cet excellent titre s’emboîtent et se désarticulent de la même manière, selon la même cadence, à deux exceptions près. Riffs, mélodies et structures en rapport étroit, les six premiers morceaux de « The Age Of Nero » jouent des mêmes armes, « Commando » et « Black Crow On A Tombstone » en tête.
Puis il y a « Last Man Standing » et « Den Siste ». Là, SATYRICON montre un visage plus effrayant. Guitare dissonante, rythme paralytique et vocaux surgis des caves de l’enfer tissent une ambiance oppressante, totalement inhospitalière. En dépit d’une violence presque intangible au premier abord, ils agissent en une manœuvre sournoise, prennent aux tripes d’abord, avant que le malaise ne remonte le long de l’échine dorsale et ne se déloge plus du crâne. Des titres difficiles d’accès mais qui parviennent rapidement à amadouer, puis s’imposer.

Une carrière qui ne cesse d’asseoir l’exemplarité d’une formation majeure, indispensable à un courant black aussi à l’aise quand il s’agit de malaxer la glaise primitive qu’avec les différentes adjonctions de terre polie qu’il s’est vu greffer aux angles les plus incisifs, aux surfaces les plus rugueuses.

« The Age Of Nero », c’est un black moderne, astucieux et terriblement accrocheur.
Finalement, le seul reproche que l’on pourra objecter tient à cette tendance encore une fois confortée qui consiste, de la part de la bande à Satyr, à réutiliser avec très peu de risques la recette mise au point voila près de dix ans.
A force, peut-être, la lassitude finira par s’installer. Mais on n’en est pas encore là.