"El Dorado" est le morceau le plus symptomatique de ce disque. Il met en avant une production plus aboutie que sur les deux derniers albums, un travail sur les trois guitares plus poussé et un songwriting plus varié. Mais… Il n'évite pas non plus les écueils des précédents : des titres souvent trop longs, des structures qui ne savent pas trop où elles vont, et une inspiration en dents de scie.

En cela, "A Matter Of Life And Death" était plutôt une bonne surprise malgré ces titres parfois longs, rattrapés par des mélodies impériales délivrées par un Bruce Dickinson toujours aussi éclatant. "The Final Frontier" tente de polir cette formule, en travaillant sur la production et les arrangements, mais traduit surtout un flagrant manque de travail, symbolisé à lui seul par l'improbable collage de "Satellite 15" et "The Final Frontier" qui plombe l'album du départ.

Il y a des bonnes idées parfois, mais elles sont noyées dans des structures aux tiroirs moisis ("Mother Of Mercy", "Starblind", "The Talisman" – cette dernière aurait juste pu être une perle), quand le groupe ne tombe pas dans l'auto-pompage avec un "Isle Of Avalon" aux ambiances travaillées mais qui doit autant à "Sign Of The Cross" qu'à "Seventh Son Of A Seventh Son". Mais par-dessus tout, les rois du Mi-Do-Ré peinent à proposer des mélodies convaincantes, dont "A Matter Of Life And Deah" était truffé. "Coming Home" tire son épingle du jeu, ainsi que "The Alchemist" qui démontre que le groupe reste capable de délivrer des titres enlevés, même si on déplore là aussi une belle panne d'inspiration.

L'apport décisif d'Adrian Smith s'entend, car le travail sur les guitares est réel, les textures, les harmonies (l'album ne regorge pas de tierces LIZZY-iennes pour une fois) et les arrangements sont bien pensés et les qualités de chacun des bretteurs sont mises en avant, la basse de Steve Harris claque très bien, et Nicko est toujours d'une solidité sans faille derrière ses fûts. Mais la combinaison d'Adrian avec Steve Harris ne porte réellement ses fruits que lorsqu'elle s'acoquine avec Bruce Dickinson, à eux trois responsables de la moitié des titres de "The Final Frontier".

Et c'est bien sûr Steve Harris qui clôt le disque avec une pièce épique dont il a le secret… Sauf que l'inspiration qui était encore la sienne sur "Dance Of Death" (et déjà questionnable sur "No More Lies") a foutu le camp. On alterne entre plans celtisants déjà exploités sur un "Blood Brothers" et cavalcades Heavy usées. Le bassiste a toujours une marque de fabrique assez unique, mais il recycle… Et "The Red & The Black" sera encore pire. J'aurais personnellement préféré, tant qu'à faire, que le disque se termine par le titre de Dave Murray, dont les ambiances rappelleront le bien que font ses rares contributions au répertoire de MAIDEN.