Ce quinzième longue-durée de la Vierge de Fer n'a vraiment pas grand-chose pour lui. Ni sa pochette hideuse, qui figure dans le Top 3 des plus laides jamais proposées sur album par un IRON MAIDEN qui a pourtant mis ce brave Eddie au supplice graphique plus d'une fois. Ni son extrême longueur pour un album simple, avec ses 76 minutes difficiles à digérer, d'autant qu'il ne contient "que" dix morceaux. "The Final Frontier" est d'autant plus dur à écouter d'une traite qu'il ne contient aucun, mais absolument aucun grand morceau. Pas un seul titre mémorable, aucun tube à se mettre sous la dent et, comble d'ironie, aucune des longues pièces de l'album ne brille par son originalité, son audace ou son ambition.

Ah il faut se les farcir, les "Isle Of Avalon", "Starblind", "The Talisman", "The Man Who Would Be King" et "When The Wild Wind Blows" ! Surtout qu'elles s'enchaînent en un long tunnel dont les parois ne laissent transparaître aucune lumière, ou si peu… Allez, l'on peut accorder au premier cité un chorus convaincant mais guère plus, puisqu'il nous perd en circonvolutions pénibles. Et l'on peut concéder à "The Talisman" de jolis atours Folk et une belle montée en puissance, ainsi qu'une structure un peu moins inutilement complexe que les morceaux qui l'encadrent. Quant à la ritournelle de "When The Wild Wind Blows", elle finit par trotter dans la tête mais à l'usure plus que par la grâce de son charme désuet.

De fait, ce sont les morceaux les plus courts qui "brillent" le plus sur cet opus, exception faite du totalement oubliable single "El Dorado" et du médiocre "The Alchemist", qui n'ont aucun intérêt. Mais les guillemets sont nécessaires car il ne s'agit en rien de hits MAIDENiens incontournables. Heureusement, cependant, que "Mother Of Mercy" et "Coming Home" sont là pour égayer la première moitié de l'album. Le Heavy honnête de la première se laisse écouter sans déplaisir, d'autant que le refrain se chantonne facilement, et l'espèce de power-ballade qu'est la deuxième prend des atours héroïques et libérateurs quand déboule, là-encore, le refrain.

C'est finalement sur "Satellite 15… The Final Frontier" qu'IRON MAIDEN s'exprime le mieux. Certes, les deux parties du morceau semblent déconnectées l'une de l'autre - alors qu'elles sont censées se compléter - tant le côté cyber de "Satellite 15" jure avec le Heavy aux accents Hard Rock de "The Final Frontier". Mais c'est encore sur ce diptyque que l'on retrouve le meilleur riff de l'album - car il est aussi l'un des plus simples - et une véritable dynamique, même si le morceau reste loin d'être ébouriffant. Franchement, passer d'un "A Matter Of Life And Death" d'une richesse et d'une maturité rares à une œuvre à la fois boursouflée et creuse comme "The Final Frontier", c'est encore plus décevant que de passer du chef d'œuvre "Seventh Son Of A Seventh Son" au peu inspiré "No Prayer For The Dying".