On pourrait sortir un bouquin (si ce n'est pas déjà fait) rien que sur les artworks que Derek Riggs a fourni à IRON MAIDEN, mais celle de "Somewhere In Time" est un roman à elle seule, avec cette foultitude de détails disséminés ; du fan-service comme on n'en fait plus.

La musique de la Vierge de Fer parvient une nouvelle fois aux sommets, et l'incroyable standard de qualité de "Powerslave" est égalé. Pourtant le groupe évolue, introduisant les synthés dans sa musique, et les compositions se faisant plus mélodiques. Bruce Dickinson est au firmament dès le premier titre, d'une longueur de souffle digne d'un coureur de fond sur "The Loneliness Of The Long Distance Runner", la section rythmique est encore plus démentielle, mention spéciale à Steve Harris qui dégaine les lignes de basse les plus techniques de sa carrière (même si "Seventh Son Of A Seventh Son" sera une prolongation de cet aboutissement). Le refrain axé FM de "Sea Of Madness" rappelle que le groupe évolue avec son temps, et cet aspect qui avait déjà du mal à prendre sur "Piece Of Mind" n'est pas plus réussi ici. Dans ce domaine, "Wasted Years" est en revanche un tour de force. IRON MAIDEN conserve la sauvagerie Rock'N'Roll de ses deux premiers albums pour l'insuffler dans le magma créatif engendré par 187 concerts d'un World Slavery Tour qui étrangement porta son nom à merveille (Bruce Dickinson ne sera d'ailleurs pas en mesure de fournir un assez bon matériel pour l'album). "Stranger In A Strange Land" quant à lui démontre la pertinence de la guitare-synthé utilisée au mieux.

De par ses sonorités ultra-mélodiques, sa production parfaite qui n'a pas pris une ride, son songwriting étincelant, son insolente maîtrise technique ("Déjà-Vu") "Somewhere In Time" est le nouveau chef d'œuvre du parangon de la NWOBHM et achève de définir le Heavy des années 80.