Le World Slavery Tour fut une tournée éprouvante pour le groupe, soldée par un "Live After Death" qui n’est pas exempt de défauts. Mais qu’à cela ne tienne, IRON MAIDEN retourne en studio dans la foulée pour sortir son sixième album studio en sept ans. Mais en cette seconde moitié des années 80, la formation de Steve Harris va commencer à évoluer, à l’image du Metal. Entre les formations US qui lissaient leur son, les Thrashers qui étaient toujours plus rapides, plus extrêmes, tandis qu’en Allemagne un renouveau du genre arrivait, inspiré par la Vierge de Fer. La bande à Harris va se mettre à la page et va s’adapter aux nouvelles technologies, à l’instar de JUDAS PRIEST à la même époque.

Encore une fois, MAIDEN va d’abord déblayer le terrain avec une pochette formidable, qui raconte l’histoire du groupe à travers de nombreux détails tandis qu’un Eddie robotisé se fraye un chemin dans une rue un peu cradingue. Au verso, on découvre le groupe au milieu de toutes ces références, une première pour Riggs. Ensuite, la musique va faire le reste. Alors que la carrière du combo depuis les débuts ne ressemble qu’à un vaste marathon fait d’albums et de tournées mondiales, on pouvait imaginer que IRON MAIDEN pouvait être fatigué, moins inspiré. Il n’en est rien.

L’introduction est grandiose, la cavalcade qui s’ensuit n’en est que meilleure. "Caught Somewhere In Time" est monstrueuse, avec un Dickinson très en voix (quel coffre !) et des guitaristes qui suivent la basse galopante de Harris sans coup férir. Une des meilleures entames d’album d’IRON MAIDEN, rapide, fluide, efficace, avec un refrain martelé avec application par un chanteur en état de grâce. Mais c’est Adrian Smith qui va surtout s’illustrer sur ce disque, adoptant au mieux les nouvelles technologies à sa façon d’écrire. Il va en résulter des morceaux qui vont sortir du lot, avec des lignes mélodiques inhabituelles.

Le IRON MAIDEN plus accessible, on l’avait testé sur "Piece Of Mind" et ce n’est pas forcément la panacée (pas taper ! pas taper !). Ici, Smith propose des titres aux refrains léchés, faits sur mesure pour Bruce Dickinson. "Wasted Years" et "Strangers In A Stranged Land" sont de vraies réussites dans ce domaine, des morceaux plus lents, qui se mettent gentiment en place pour un effet dévastateur. Seul "Sea Of Madness" s’avère plus faible, mais du faible de ce niveau, si on pouvait en avoir plus souvent… Bref !

Si on ne trouve pas Dickinson à la composition, on retrouve Murray pour un titre en collaboration avec Harris, le sympathique "Déjà Vu". Le reste, c’est du Harris dans toute sa splendeur, avec des titres taillés pour la scène ("Heaven Can Wait" et son refrain façon Rock Arena) ou des splendeurs comme "Alexander The Great", morceau épique par excellence, avec un Bruce impérial (!) derrière le micro. On tiquera peut-être au trop classique "Loneliness Of The Long Distance Runner", prétextant qu’il ne tient pas la distance (héhé… Bon, vous avez le droit de balancer une pierre. Une seulement).

"Somewhere In Time", c’est encore une fois du IRON MAIDEN de haut niveau. Un disque monumental, qui traverse le temps à merveille. Le contraire aurait été un comble vu son titre. On peut dire que la bande à Steve Harris a atteint ici son apogée et que jamais, par la suite, il ne retrouvera un tel niveau de qualité.