Tout semble avoir déjà été dit sur "Painkiller". À un tel point que l'on peut se demander s'il n'est pas vain de continuer à en parler. Pierre angulaire du Metal, sommet artistique d'une carrière, album le plus intense qui soit et blablabla, et gnagnagna... Qu'est ce que je vais bien pouvoir rajouter de plus moi ?

Que "Painkiller" est un album que je déteste adorer.

Et ouais. Et pourquoi donc ? Parce qu'à vouloir se la jouer plus fort que tout le monde, JUDAS PRIEST a commencé à renier quelque peu ce qui le caractérisait jusqu'à alors et qui en faisait tout son intérêt : sa variété, sa capacité à brasser tout ce qui se faisait dans le Metal d'alors et à y exceller. À l'époque, "Painkiller" est l'album le plus monolithique du PRIEST, plus que "British Steel", et il ouvrira logiquement la voie au futur "Jugulator", qui en constitue une suite logique. On pourra toujours rétorquer que "A Touch Of Evil" peut faire office de mid-tempo atmosphérique ou que l'excellent titre épique "One Shot At Glory" renoue avec un Heavy moins foncièrement rentre dedans, il n'en reste pas moins que le propos reste largement jusqu'au-boutiste. "Ram It Down" avait montré des signes de faiblesses quand il cherchait à faire dans le mainstream, le PRIEST décide donc de tout miser sur la puissance. Et c'est bien ce déchaînement de puissance que l'on retient essentiellement : celui du morceau titre, de "Metal Meltdown", de "All Guns Blazing"... Ok, ça déménage, mais au fond, cela était-il vraiment révolutionnaire ? Non. Le PRIEST jouait déjà comme cela sur l'ultime "Defenders Of The Faith", le PRIEST avait déjà atteint une telle symbiose guitaristique sur ce même "Defenders" et sur "Ram It Down". "Painkiller" ne réinvente rien, il ne surpasse pas les sommets déjà atteint quelques années avant. Un titre comme "Love Bites" dépasse en intensité et en agressivité ce qui se trouve sur "Painkiller", tant ce dernier est dénué de cette tension sexuelle qui émanait de plusieurs titres de "Defenders".

Alors oui, pris individuellement les morceaux qui composent "Painkiller" sont soit très bons, soit excellents. Impossible de les prendre en défaut. Mais le bloc que forme cet album peut agacer, peut sembler bourratif, peut même lasser. Il fausse la vision que l'on peut se faire du groupe, a fini par occulter d'autres albums du groupe tout aussi bons, et même meilleurs en fait. Il n'est pas représentatif du groupe. Et pour ma part, c'est l'album du PRIEST que j'écoute le moins après ceux avec Ripper. Considérer cet album comme le meilleur de JUDAS PRIEST, c'est ne pas avoir compris ce qu'est réellement ce groupe.

Hop, une étoile en moins pour la peine.