"Painkiller" va marquer un tournant dans la carrière de JUDAS PRIEST, et ce de la façon la plus radicale qui soit. Nous sommes en 1990, le groupe est en perte de vitesse après un Turbo égratigné par la presse et surtout un "Ram It Down" trop inégal pour espérer remonter la pente. Pire, Dave Holland a quitté le groupe, en proie à des problèmes de santé et ne pouvant pas suivre le rythme que la formation anglaise veut imprimer à ses compositions.

Et Holland parti, on va perdre la subtilité du jeu rythmique du PRIEST, qui commençait déjà à partir en sucette sur "Defenders Of The Faith", certes. Parce que son remplaçant, Scott Travis, est une Machine. Ouais, avec un M majuscule. Parce que ce qu’il fait, c’est purement inhumain, à foncer bille en tête à la double grosse caisse de façon incessante tout du long. L’intro de "Painkiller" est à son image : imposante, mais dénuée d’âme.

S’inspirant de ce que font les jeunes qui avoue l’importance de l’héritage de JUDAS PRIEST, les musiciens vont ainsi doper leur Heavy Metal et offrir un album sans la moindre concession. C’est rapide, parfois brutal, les mélodies sont moins immédiates que par le passé ; "A Touch Of Evil" fait office de Power Ballad dans ce bordel sonore. Et si on peut grandement regretter la diversité, la richesse de "Defenders Of The Faith", on ne peut qu’applaudir le jusqu’au- boutisme de ce disque vicelard et réfléchi.

"Painkiller", c’est donc ce qu’est JUDAS PRIEST quand il ne se fixe plus la moindre limite. Un groupe qui perd en mélodie ce qu’il gagne en puissance dévastatrice. Son principal point faible, outre cette double grosse caisse omniprésente qui manque grandement de nuance, réside dans cette absence de variété qui faisait toute la force du groupe dans les années 80. Et pourtant, difficile de bouder son plaisir devant un tel arsenal. Un album un peu paradoxal du coup, que l’on rangera quand même à côté des réussites de la formation.